Saint-Christophe-et-Niévès - prêts pour partager leurs connaissances

Mme Jeanelle Kelly est l'une des deux autorités nationales désignées (ADN) que Saint-Kitts-et-Nevis a désigné pour s’occuper des travaux de mise en œuvre de la Convention de Rotterdam (CR) et pour coopérer étroitement avec le Secrétariat de la CR sur les produits chimiques et les pesticides. Mme Kelly est le fonctionnaire chargée de la quarantaine au ministère de l'Agriculture du pays.

Christine Fuell est la coordonnatrice du Secrétariat de la CR à la FAO et haut fonctionnaire technique à la Division de la production végétale et de la protection des végétaux à la FAO.

CF: Saint-Kitts-et-Nevis est une petite île des Caraïbes. Votre pays est membre de la Convention de Rotterdam depuis la fin de 2012, vous avez donc maintenant huit ans d'expérience avec la convention. Quels sont les défis que vous rencontrez pour mettre pleinement en œuvre la Convention de Rotterdam ?

JK: Comme vous l'avez mentionné, nous sommes un petit Etat, nous n'avons que 53 000 habitants. Les ressources humaines et physiques sont donc rares et seul un nombre très limité de personnes est chargé de gérer une série d’obligations nationales et internationales liées à la gestion des produits chimiques et des déchets.

CF: Les Parties dans la région sont compétentes dans la soumission des réponses concernant les importations. Et vous êtes l'une des rares membres à les avoir toutes soumises. Quel est le secret de ce succès ?

JK: Eh bien, comme vous le savez, nous ne produisons et n’utilisons aucun de ces 52 produits chimiques inscrits à l’annexe III, ce qui signifie que nous n’en avons pas besoin pour le moment. Par conséquent, nous ne voulons pas les importer dans notre pays. Nous resterons ainsi à l'écart de tout risque qui y est associé. Nous avons donc pu remplir rapidement le formulaire de réponse à l'importation en indiquant « pas de consentement à l’importation ».

CF: Et vous savez que vous pouvez changer votre décision à tout moment, n’est-ce pas ?

JK: Sûrement. Si nous décidions vouloir utiliser ces produits chimiques et pesticides en totalité ou en partie, il suffirait de soumettre un nouveau formulaire indiquant « consentement à l'importation ». Enfin, les produits chimiques figurant dans l'Annexe III ne sont pas interdits en vertu de la CR, mais ils ont été interdits au niveau national dans au moins deux pays membres au sein de régions PIC différentes après l’évaluation de leur risque sur la santé humaine et l'environnement.

CF: Alors, par exemple, comment gérez vous les ravageurs des plantes sans ces pesticides répertoriés ? Et quels sont les principaux défis des pesticides en général dans votre pays ?

JK: Il existe un large éventail d'autres produits chimiques non-inscrits à l'annexe III qui présentent moins de risques pour la santé humaine et l'environnement qui peuvent être utilisés pour lutter contre les ravageurs des plantes. Nous essayons d'utiliser autant que possible des produits chimiques à faible risque avec un équipement de protection individuelle (EPI) et un contrôle biologique approprié pour contrôler et gérer les ravageurs de plantes. Le principal défi de la gestion d'un organisme nuisible spécifique est le choix de la méthode la plus appropriée. En outre, il existe une gamme de produits chimiques disponibles avec différents modes d'action et nous visons à sélectionner les moins dangereux qui sont encore efficaces. Il s’agit toujours d’un équilibre entre la protection de la santé humaine et de l'environnement et de la garantie de la sécurité alimentaire.

CF: Votre pays examine-t-il actuellement vos lois sur le contrôle des pesticides et des produits chimiques toxiques et envisage-t-il de restreindre ou même d'interdire l'utilisation de certains produits chimiques et pesticides ? Seriez-vous alors prêt à soumettre des notifications de mesures de réglementation finales (MRF)?

JK: Avec l'aide de la FAO, nous avons pu assurer un projet pour la région des Caraïbes financé par le FEM pour revoir nos lois sur le contrôle des pesticides et des produits chimiques toxiques et le gouvernement a pour priorité de restreindre et / ou interdire l'utilisation de certains produits chimiques extrêmement dangereux pour protéger la santé humaine et l’environnement. Dans l’avenir , nous nous préparerons à soumettre des notifications de MRF pour ces produits chimiques avec l'aimable assistance du Secrétariat.

CFs: Est-ce que c’est simple de préparer des notifications des MRF?

JK: Eh bien, je dirais que le Secrétariat a préparé beaucoup de matériel d’information et a mis à disposition diverses sources d’information pour aider autant que possible les parties membres dans cette tâche. Nous avons également participé à certains ateliers de formation organisés par le Secrétariat de la CR et aimablement financés par la FAO. Par exemple, un atelier de formation collectif sur l'inspection des pesticides et les questions douanières dans les Caraïbes en 2017, ou une formation sur la Convention de Rotterdam dans le cadre de la réunion du Groupe de coordination pour le contrôle des pesticides des Caraïbes (CGPC) et la réunion du Comité directeur pour le projet GCP / SLC / 204 / GFF en 2018, entre autres. Et bien sûr, nous ne manquons jamais la Conférence des Parties et les réunions régionales préparatoires respectives ! En fait, après cette réunion en 2019, nous avons soumis toutes les réponses d'importation ! De nombreuses informations sont disponibles sur le processus, et le Secrétariat est prêt et disponible pour aider toutes les Parties.

CF: Comment apprenez vous sur l’organisation de ces ateliers de formation?

JK: Nous faisons partie du Groupe de coordination des commissions de contrôle des pesticides des Caraïbes (CGPC). En outre, la FAO nous invite à participer à leurs réunions. Et si les Parties souhaitent recevoir des formations et une assistance technique, elles peuvent s'adresser directement au Secrétariat. Ils sont très disponibles, ils discutent des besoins particuliers avec le pays membre et, par exemple, ils peuvent nous proposer de participer à un atelier déjà programmé, développer une activité sur mesure avec l'ADN ou aussi nous suggérer une coopération avec des partenaires de la région.

CF: Pensez-vous que vous pourriez coopérer avec les quelques Parties de la région qui semblent avoir des difficultés à soumettre des réponses concernant les importations ? Un modèle de coopération Sud-Sud facilitée par le Secrétariat ?

JK: Nous sommes de très bons voisins dans les Caraïbes et nous serions certainement prêts à aider. Peut-être que le Secrétariat pourra-t-il nous aider à démarrer?

CF: Nous serions très heureux de le faire. Faites-nous part de vos idées et vos besoins et nous agirons immédiatement. Il existe encore une poignée de pays de la région qui ne sont pas encore parties à la Convention de Rotterdam. Seriez-vous prêt à les encourager à devenir membre et pourquoi ?

JK: Absolument. En tant que petites îles, nous vivons dans un environnement étonnant, riche en biodiversité, et en même temps nous sommes très vulnérables en ce qui concerne les impacts négatifs sur l'environnement à cause du changement climatique, des déchets plastiques ou des produits chimiques et pesticides dangereux. Nous avons une obligation envers nos enfants de protéger cet environnement unique et nous avons une obligation internationale de mettre en œuvre le Programme 2030. Il ne nous reste plus que dix ans pour cela ! Il vaut donc mieux unir nos forces autant que possible. Être partie à la CR - ou encore, à toutes les conventions sur les produits chimiques et les déchets - nous donne une voix plus forte, plus d'informations et une meilleure capacité à prendre des décisions éclairées sur notre avenir, y compris sur les importations futures de certains produits chimiques et pesticides dangereux.

CF: Vous êtes actuellement également membre du Bureau de la Convention Rotterdam et vous avez déjà été membre du Bureau de la Convention Stockholm. En tant que membre du Bureau, vous êtes fortement impliqué dans la préparation de la Conférence biennale des Parties (CdP). Comment les Parties devraient-elles se préparer à la prochaine réunion prévue pour juillet 2021 ?

JK: Comme je l’ai mentionné, des travaux sont en cours pour la préparation des CdP BRS 2021. Les Parties se réunissent normalement aux niveaux national et régional pour présenter leurs points de vue sur les sujets à débattre à la réunion de la CdP, ainsi que pour formuler des positions régionales, ce qui est certainement encouragé. Bien que la pandémie du COVID-19 ait posé des obstacles sur notre chemin, nous sommes des personnes fortes, résilientes et innovantes et nous travaillerons ensemble au niveau international pour assurer la gestion rationnelle continue des produits chimiques et des déchets.

CF: Ce fut un plaisir de recevoir vos opinions. Merci beaucoup pour avoir accepté de partager votre expérience avec toutes les Parties.

Le Secrétariat de la Convention de Rotterdam espère poursuivre la collaboration avec toutes les Parties, en tenant compte de leurs besoins identifiés et de leurs demandes.